Comment lâcher prise?

ou comment faire la paix avec soi-même?

9/20/20237 min read

Beaucoup de personnes se plaignent de ne pas arriver à lâcher prise.

Elles essaient de se contrôler, de contrôler leur environnement, d'anticiper les évènements. Ou elles pensent énormément à leur passé, elles se plaignent, regrettent, se sentent coupables ou se sentent incomprises. Dans tous les cas, elles ont du mal à vivre le moment présent avec sérénité et cette difficulté à lâcher prise les conduit souvent à un isolement psychologique douloureux.

Cette incapacité à lâcher prise les fait vivre énormément dans leur tête et elles ont une disponibilité mentale limitée pour les personnes autour d'elle. De plus, elle se culpabilise de ne pas arriver à lâcher prise ce qui rajoute des ruminations à celles qui étaient déjà bien présentes.

Mais pourquoi certaines personnes n'arrivent pas à lâcher prise et comment peuvent-elles arriver à se laisser aller un peu plus?

1-Pourquoi certaines personnes n'arrivent pas à lâcher prise?

Déjà le terme lâcher prise m'a toujours semblé effrayant dans sa radicalité. Lâcher prise... comme si on était accroché par une prise et qu'on la lâchait d'un coup pour atterrir je ne sais où. Pas étonnant qu'on s'y accroche fermement à cette prise. Ce terme, j'aime le remplacer par laisser être qui me paraît plus doux. Se laisser être me renvoie l'image d'une personne posée dans un hamac et qui profite des rayons du soleil. Elle regarde les nuages avec sérénité en se laissant porter et en laissant son imaginaire vagabonder.

Mais pour certaines personnes, il est très compliqué de se laisser être ou de lâcher prise.

Lâcher prise veut dire laisser partir une situation, tourner la page. Et ce processus n'est pas si facile que ça. Quand une personne vit une séparation amoureuse, il va lui falloir du temps pour laisser partir la relation pour passer à autre chose. Cela s'apparente à un processus de deuil et ruminer, vivre dans le passé est tout à fait normal dans le processus. La psychiatre Elisabeth Kübler-Ross a défini 5 phases de deuil traversées par chacun lors d'une séparation ou lors de la perte d'un proche: le déni, la colère, le marchandage, la résignation et la résilience. Dans la phase de colère et de marchandage, il est tout à fait légitime de vivre dans le passé, de penser à ce qu'on a perdu. On traverse des moments de colère, de tristesse et vouloir lâcher prise à ce stade est complètement prématuré. Si vous êtes dans cette situation, laissez vous le temps de vivre les 5 étapes à votre rythme. Et je vous conseille de chercher un accompagnement s'il vous est trop compliqué de les vivre seul. Si vous souhaitez en savoir plus sur cette phase de deuil, vous pouvez lire mon article "Traverser la perte d'une personne proche" en cliquant sur ce lien.

Il se peut aussi que la relation représente tellement d'enjeux qu'il est difficile pour vous de lâcher prise. Par exemple, quelqu'un vous dit quelque chose que vous n'appréciez pas, vous ne lui répondez pas et ensuite vous vous en voulez de ne pas avoir répondu. Vous ruminez la situation pendant des heures, voir des jours en vous reprochant de ne pas avoir fait ce que vous auriez du faire. Vous vous traitez de nul(le) et vous vous dites que la prochaine fois, vous ferez autrement. Et quand la situation se reproduit, vous êtes tellement en colère que ça vous fige ou vous explosez, ce que la personne en face ne comprend pas du tout. Il est probable que vous avez en vous une part enfant active qui a peur de l'abandon ou du rejet et qui se protège. Peut-être que enfant, il était important de se taire face à une personne qui assurait votre sécurité affective et matérielle. Vous avez préféré restreindre votre liberté d'être pour garder amour et sécurité- un enfant s'autorégule de toutes les manières possibles pour garder l'amour de ses parents-. Une fois adulte, les peurs perdurent et peuvent engendrer de grandes frustrations dans la vie. Ces frustrations entraînent des ruminations et avec elles une difficulté à lâcher prise. Ce sont des situations dans lesquelles vous vous sentez coupé en deux: une partie que vous ne comprenez pas qui agit en automatique et qui, par exemple, se tait et la partie adulte qui s'en veut d'être comme elle est et qui aimerait agir d'une manière plus adulte. Si vous êtes dans ce cas, sachez qu'il est quasi impossible d'aller contre cette part enfant qui est figée dans l'inconscient. Dans ce cas, un accompagnement thérapeutique peut être efficace pour vous libérer de ces blocages émotionnels. Si vous souhaitez avoir plus d'informations sur les blocages émotionnels, je vous invite à lire mon article "Pourquoi je répète les mêmes situations bloquantes" en cliquant sur ce lien.

Il arrive aussi qu'une personne n'arrive pas à lâcher prise sur un travail effectué, par exemple. Elle a tellement envie de bien faire, souvent de trop bien faire qu'elle va juger ce qu'elle a fait. Un petit problème, une petite anicroche va concentrer toute son attention et elle va être focalisée à faire et refaire ce qu'elle pense avoir mal fait. Elle aura du mal à voir ce qu'elle a fait de bien dans la journée et se jugera négativement. Elle a, en fait, une loupe grossissante sur ce qu'elle pense être des échecs, là où souvent, les autres ne voient rien du tout. Elle aura du mal à lâcher prise sur ses "fautes" et essaiera d'être "meilleure" la prochaine fois. Ce perfectionnisme cache souvent une mauvaise estime de soi. Le regard sur elle-même est très dure, voir même impitoyable et peut conduire à une dépression ou à un burn out dans une volonté de démontrer sa valeur en en faisant toujours plus.

2-Comment arriver à lâcher prise?

Comme je le mentionnais plus haut, lâcher prise est un terme qui me paraît violent. Laisser être me paraît plus approprié à un état d'esprit serein. Cela n'empêche pas de voir ce qui se passe chez les autres ou chez soi mais on se permet de prendre du recul et surtout, on ne s'accroche plus à ce qui se passe pour le remâcher pendant des heures.

Après, nous sommes des être humains et s'inquiéter, réfléchir, être en colère... fait partie de notre nature humaine. Il est illusoire de croire que certaines personnes arrivent à la plénitude absolue. S'en vouloir parce qu'on ressent du désir pour une personne ou qu'on est jaloux de son voisin, c'est s'en vouloir d'être simplement humain. Accepter sa condition et ses limites naturelles est déjà un pas vers la réconciliation avec soi-même. Les méthodes de méditation qui demandent aux gens de faire le vide en eux ne prennent pas en compte l'humanité des gens. Comment s'empêcher de penser? Pourquoi s'en vouloir d'avoir l'esprit qui vagabonde? Lâcher prise, ce n'est pas "ne penser à rien", c'est se montrer plus doux avec soi et les autres. C'est être un peu moins crispé dans sa manière de se regarder et de regarder les autres. C'est mettre un peu d'air là où il y a du "serré". La méditation est faite pour se réconcilier avec soi-même et en aucun cas, pour s'en vouloir d'être comme on est. Si des pensées affluent, on les accueille. Si l'esprit vagabonde, on se remercie quand on reprend contact avec soi-même.

Une autre piste pour lâcher prise est de pratiquer une activité qui plaît. En Gestalt thérapie, on observe le contact avec le cycle du contact. C'est à dire qu'on a d'abord envie de faire quelque chose, on se met en contact, on traverse une période de plein contact, on assimile les bénéfices de l'expérience et on finit par lâcher ce qui se passe pour se tourner vers un autre besoin.

Par exemple, une personne a envie de peindre un paysage (envie), elle se met en condition, elle prépare ses gouaches et sa toile, elle choisit son angle, etc... (mise en contact) et elle peint (plein contact). Le plein contact se produit quand on ne fait qu'un avec ce qui nous entoure, par exemple, le peintre avec sa toile. Quand on traverse une période de plein contact, on ne voit plus ce qui se passe autour de soi, on fait corps avec ce qu'on est en train de faire. Je suis sûre que vous l'avez vécu: cela peut être le fait de monter un meuble, de planter un clou. On oublie ce qui se passe autour de soi et on est souvent surpris quand on reprend contact avec son environnement. Dans ces moments-là, on lâche prise pour se consacrer à ce que l'on est en train de faire. Si vous l'avez vécu, c'est que vous en êtes capable et ça, c'est une bonne nouvelle!

Après, il peut être nécessaire de se faire accompagner pour explorer les enjeux émotionnels derrière le fait de ne pas lâcher prise. J'avais donné l'exemple plus haut, du fait de se taire devant une critique alors que l'on aurait aimé répondre. Derrière ce silence, se cachent sûrement des enjeux émotionnels figés dans l'inconscient durant l'enfance et toujours actifs à l'âge adulte. Les revisiter à l'âge adulte avec un professionnel de l'accompagnement vous permettra de vous libérer de ces impasses relationnelles qui sont souvent pesantes à l'âge adulte.

L'estime de soi et la manière de se considérer pourront également être travaillées en thérapie. Une personne perfectionniste essaie de prouver qu'elle est à la hauteur. Mais qu'est ce que cette personne a besoin de démontrer et à qui? Qui lui a fait sentir qu'elle n'était pas à la hauteur? Qu'est ce qu'elle a intégré dans sa personnalité qui lui fait sentir qu'elle court un danger si elle commet une erreur. D'où vient ce juge si strict?

Beaucoup de pistes peuvent ainsi être explorées seul ou accompagné pour avancer de manière plus sereine avec soi-même et les autres. Si vous désirez me contacter ou prendre un premier rendez-vous, vous pouvez le faire en cliquant sur ce lien.

SOMMAIRE

1-Pourquoi certaines personnes n'arrivent pas à lâcher prise

2-Comment arriver à lâcher prise

Femme caressée par des plantes
Femme caressée par des plantes