Pourquoi je suis dépendant affectif?

Comment reconnaître les signes de la dépendance affective et en sortir?

Lucie Brétille

4/15/20237 min read

Si vous lisez cet article, c'est que vous vous demandez sûrement si vous êtes dépendant affectif.

La dépendance affective conduit à adopter des comportements qui dépassent les personnes qui en souffrent. Pourquoi l'amour ressenti au début s'est-il peu à peu transformé en doutes puis en souffrance? Et si cette question vous concerne, il est probable que vous cumulez les relations similaires qui finissent dans l'impasse sans arriver à faire autrement.

Est ce que c'est de la dépendance affective, de l'amour ou une incompatibilité amoureuse? Pour que vous y voyiez un peu plus clair, je vais remonter, dans cet article, aux origines de la dépendance affective. Puis, je vais aborder les manifestations de la dépendance affective à l'âge adulte et comment on peut la dépasser grâce au travail en thérapie.

SOMMAIRE

1-Les origines de la dépendance affective

2-Les signes de la dépendance affective à l'âge adulte

3-Comment travailler la dépendance affective en thérapie

1-Les origines de la dépendance affective

Après la naissance du bébé et pendant une certaine période, la mère et le bébé sont dans un état de fusion. La mère sent instinctivement ce dont son bébé a besoin. Et le bébé traverse une période saine de toute puissance car il a l'impression de pouvoir répondre à tous ses besoins par lui-même. En effet, le bébé, à ce stade, ne fait pas la différence entre lui et sa maman. Cela va lui apporter une sécurité intérieure qui va lui permettre de se détacher de sa maman petit à petit et de se tourner vers l'extérieur.

La maman, de son côté, sort de cet état de fusion pour laisser plus d'espace à son enfant et ce dernier va pouvoir passer à la phase d'exploration de son territoire. La mère va être moins présente pour son enfant: le bébé intériorise l'absence temporaire de sa mère ce qui va le faire passer du besoin au désir d'aller chercher par lui-même. Il va s'éloigner, petit à petit, de sa mère pour devenir autonome.

Mais il arrive que des failles émaillent cette relation primaire entre la mère et l'enfant. Et celui-ci ne pourra pas intérioriser l'absence temporaire de sa mère. Tout départ, même temporaire, sera vécu comme un abandon, une perte définitive. La personne va rester dans le besoin primaire de l'autre et ne passera dans la phase du désir. La conséquence de cela est que la personne ressentira du manque dès que l'autre personne va s'éloigner comme le bébé qui attend, de manière anxieuse, le retour de sa maman.

De plus, la mère qui ne répond pas aux besoins de son enfant, le "soumet" à son propre geste. Cela a pour conséquence que le bébé, complètement vulnérable par nature, se sent impuissant face à des gestes qu'il perçoit comme dangereux pour sa survie.

Dans cette situation, le bébé et plus tard l'enfant va avoir 3 comportements qui seront à la base de la dépendance affective:

-La négation de sa personne qui est un comportement de survie face aux dangers qu'il perçoit et contre lesquels il ne peut absolument pas se défendre. Il assimile la croyance que c'est le fait d'être lui-même qui engendre ces dangers. La seule parade que l'enfant trouve, va être de s'éloigner de lui-même, de son affectivité et de ses besoins pour s'éloigner de ces dangers. Il peut, ainsi, développer une personnalité as if ou "faux self": pour lire mon article sur ce sujet, vous pouvez cliquer sur ce lien.

-Le développement d'une hypervigilance. Par peur et par souci de protection, il va essayer d'anticiper les faits et gestes de son environnement, souvent ceux de ses parents. Il va, ainsi, se centrer sur les besoins d'autrui pour adapter son comportement à celui des autres et ainsi, nier ses propres besoins.

-La tentative d'apprivoiser ce qui fait peur. L'enfant va développer des comportements propres à "calmer" son environnement qu'il perçoit comme une menace. Il va devenir très sage, très obéissant ou très gentil pour induire des changements dans le comportement de ses parents.

2-Les signes de la dépendance affective à l'âge adulte

L'adulte dépendant affectif a appris, de manière erronée, que c'était d'être lui-même qui engendre les dangers dans son environnement. Il va donc continuer à nier sa personne pour ne pas s'exposer aux dangers qu'il pourrait déclencher autour de lui par sa seule présence, comme le rejet ou l'humiliation par exemple.

Il va donc réprimer son énergie de vie. Son comportement avec son entourage va être conditionné par le besoin d'éloigner le danger pour ne pas souffrir. Il va se montrer soumis face aux personnes dans son environnement comme il a pu le faire, dans le passé, avec ses parents afin d'assurer sa sécurité affective et matérielle.

Le fait de nier sa personne le conduit à développer une mauvaise estime de lui-même. Il ne sait pas s'appuyer sur ses ressources et les considère comme dangereuses. Il va donc avoir, dans son entourage, des personnes avec une forte personnalité ou des personnes, par exemple, narcissiques qui prendront les décisions à sa place.

L'adulte dépendant affectif adopte donc un comportement immature ancré dans l'enfance. Ses réactions de défense face à un environnement intrusif, ne laissant pas de place à sa liberté d'être humain ont été acquises à un âge précoce et se sont figées à cet âge-là. Une fois adulte, il continuera à adopter les mêmes stratégies pour ne pas ressentir de souffrance.

Comment se comporte une personne dépendante affective avec son ou sa partenaire?

Rappelons le: la personne dépendante affective n'a pas pu assimiler l'absence temporaire de sa mère et tout départ, même temporaire, est vécu comme un abandon. Elle est restée dans la phase du besoin de l'autre et non pas du désir.

Comme elle n'a pas confiance dans ses ressources intérieures, elle est convaincue qu'elles ne peut pas vivre seule ou compter sur elle-même pour prendre des décisions. Elle a tendance à "coller" son partenaire croyant que c'est l'absence de l'autre qui cause ses angoisses alors que c'est le fait de réprimer qui elle est, qui provoque ces angoisses.

Toute la vie de la personne dépendante affective va donc tourner autour de son/sa partenaire et la relation va être souvent synonyme d'insatisfactions. Dans une relation saine, les individus sont différenciés et l'un ne comble pas les carences affectives de l'autre. Là, la personne dépendante affective a peur de perdre son/ sa partenaire et elle peut réclamer l'hyperprésence de l'autre. Elle va aussi être très jalouse sans aucun motif et ses humeurs vont dépendre du moindre signe de son partenaire. Elle peut être "en manque" si son/sa partenaire oublie de l'appeler et redevenir joyeuse au moindre SMS envoyé par ce partenaire. Ses humeurs ressemblent à des montagnes russes.

Et le problème, c'est que souvent ces personnes rencontrent des partenaires qui, eux aussi, souffrent de carences affectives et sont également dépendants affectifs. Certains font même du chantage affectif en manipulant et en contrôlant l'autre. Les relations de ce type deviennent souvent toxiques et sont basées sur une adaptation à l'autre et non pas sur les besoins propres de chacun. Elles vont être teintées de soumission, de culpabilisation, de domination, de mensonges et non pas sur une relation saine qui permet à chacun de grandir dans le respect et grâce au soutien de l'autre personne.

3-Comment travailler la dépendance affective en thérapie

-Le travail sur l'image de soi: la personne dépendante affective a une mauvaise estime d'elle-même due à une négation de sa personne (elle pense que c'est elle qui a provoqué les abus dont elle a été victime). Le thérapeute va être attentif au vocabulaire exprimé par le client et la façon dont il parle de lui-même. Est ce qu'il commence à faire et interrompt son geste comme s'il se sentait en faute de s'exprimer? Est ce qu'il dit " je me suis trompée", "qu'est ce que je suis bête", est ce qu'il s'accuse facilement? Le thérapeute va interroger le geste, partager son propre ressenti et l'aider à remettre du sens dans ses croyances négatives.

-Un travail de renarcissisation va être nécessaire: la pleine écoute du thérapeute, sa chaleur, la valorisation des succès du client dans sa vie et dans le travail thérapeutique, le partage d'expériences pour dédramatiser les situations honteuses ou pesantes vont être utiles pour travailler à la renarcissisation du client.

-Le travail sur les émotions et les sensations: comme on l'a vu, la personne dépendante affective s'est coupée d'elle-même puisqu'elle est convaincue qu'elle "provoque" les souffrances qu'elle reçoit de son environnement et qu'être loin d'elle-même, est la meilleure parade pour ne pas souffrir.

Le travail en thérapie va consister à travailler sur les émotions et les sensations du client pour qu'il se réapproprie ces parties de lui-même jugées dangereuses.

De petites expérimentations en conscience vont être proposées au client comme sentir l'appui sur la chaise, le travail avec la respiration, le repoussé d'un ballon. Le client va, petit à petit, s'approprier ses ressentis dans le cadre sécurisé du cabinet thérapeutique et sortir de la peur de lui-même. Il va ainsi pouvoir se mettre à agir selon ce qu'il ressent et non pas selon ce qui est attendu de son environnement.

-Le travail sur la responsabilisation: dans un premier temps, les comportements de dépendance affective se renouvellent dans la relation client/ thérapeute. Le client peut se montrer jaloux des autres clients, se montrer tyrannique, soumis, interpréter le comportement du thérapeute comme étant du rejet. Le thérapeute va identifier ses messages explicites et implicites et les partager de manière régulée au client. Il est essentiel que la personne qui consulte, prenne conscience de sa responsabilité dans ses relations aux autres et qu'elle arrête de rejeter toute la faute sur les autres. C'est le 1er pas vers la prise de conscience de son blocage émotionnel et du chemin vers l'autonomie.

En acceptant de prendre sa responsabilité dans les relations avec les autres, la personne dépendante affective va commencer à se réapproprier son histoire, grandir et, ainsi, devenir de plus en plus autonome dans ses choix de vie.

Si vous souhaitez travailler la dépendance affective en thérapie, vous pouvez me contacter en cliquant sur ce lien.