J'ai toujours peur de ne pas être à la hauteur

Pourquoi je me dévalorise et comment y remédier?

3/8/202310 min read

Certaines personnes, au moment de se lancer dans une discussion, un projet, d'aller vers quelqu'un, ont toujours la peur de ne pas être à la hauteur. Ils ont peur de ne pas réussir ce qu'ils entreprennent.

Alors, bien sûr, sortir de sa zone de confort n'est facile pour personne, à part pour des individus sans empathie ou un peu trop sûrs d'eux-mêmes. Pour la plupart d'entre nous, cela demande des efforts de sortir de nos habitudes et de nos certitudes. Mais là, où certaines personnes le font quand même, avec un stress plus ou moins fort en arrière-fond, pour d'autres ce mouvement vers l'extérieur engendre de la souffrance, un empêchement, de l'anxiété et des angoisses. Ces personnes ont de profondes angoisses et ne dorment pas à l'idée d'affronter leur premier jour dans un nouveau poste ou de parler d'eux-mêmes à d'autres personnes. Ils ne se trouvent pas assez bien. Ils ont peur d'échouer quoi qu'ils fassent.

Et leur mouvement initial est souvent dénaturé: ce qui était net et précis dans leur tête se déploie vers les autres, teinté de leurs peurs internes. Les manifestations physiques sont le rougissement, la voix qui tremble ou qui s'éteint, un regard évitant, de la transpiration, le mal au ventre et des angoisses qui montent. Et le discours est émaillé de termes comme "petit", "peut-être" et "je m'excuse". Et cela peut aller jusqu'à l'abandon du mouvement et le repli sur soi. Ils ont peur du jugement de leur environnement et ont tendance à s'isoler.

Mais alors d'où ces manifestations peuvent elles venir? Et quelles sont les pistes de guérison au fait de ne pas se sentir à la hauteur?

1-L'origine de la peur de ne pas être à la hauteur

Cette peur provient d'une image déformée de soi-même. Les personnes qui ont peur de ne pas y arriver sont dans le jugement négatif d'eux mêmes. Ils regardent à la fois de manière gourmande vers l'extérieur, et, en même temps, ont des yeux intérieurs qui jugent et freinent, voir, arrêtent leur élan. Ils ont faim mais ne s'autorisent pas à manger ou quand ils mangent, ils ne prennent pas le temps de savourer la nourriture. Des pensées du genre "tu n'as aucun mérite" ou "tout le monde aurait pu y arriver" s'invitent à la table et gâchent la fête.

Freud parlait de "moi" (le sujet en tant que personne), de "ça" (les pulsions) et de "surmoi" (le juge intérieur). Si le surmoi est trop fort, il réduit ou empêche l'élan vital de la personne et provoque les manifestations physiques citées plus haut, voir même l'empêchement d'agir.

Je fais une parenthèse ici pour préciser que je ne parle pas des environnements de harcèlement et de violence physique où le danger est réel et où il est tout à fait sain de s'empêcher de faire pour ne pas se mettre en danger. Mon article fait référence aux situations où il n'y a pas de danger réel et dans lesquelles, les personnes qui se freinent, le font selon leur paradigme intérieur et de manière répétée.

Plusieurs expériences de vie dans l'enfance peuvent expliquer cette peur de ne pas être à la hauteur. Je vais expliquer les 2 principaux que je retrouve dans ma pratique thérapeutique:

  • La distance émotionnelle, la froideur ou le mépris des figures parentales.

    Imaginons, qu'un enfant rentre à la maison, tout fier du joli dessin qu'il a fait à l'école et que personne ne le regarde, ne l'accroche au mur. Ou que ses réussites scolaires et sportives ne soient jamais discutées, valorisées. Ou que ses parents, trop exigeants, prennent ses succès comme de l'acquis ou pire dévalorisent ce qui a été fait en disant, par exemple: "Tu es arrivé 2eme, si tu avais fait des efforts, tu serais arrivé 1er". Ils peuvent aussi le comparer au fils de la famille Dupont qui réussit tout et dont les parents sont si fiers. Ou, alors ils peuvent accueillir avec indifférence les besoins de l'enfant qui passent après leurs propres besoins.

    Son besoin de reconnaissance n'est pas pris en compte et cela de manière répétée. Ce qu'il fait n'est jamais assez bien aux yeux de ses parents. Et il va intégrer la croyance qu'il n'est pas à la hauteur. Il ne s'est pas senti accueilli comme il était et il a essuyé de l'indifférence et/ou du rejet. Si ses parents qui sont censés l'aimer de manière inconditionnelle, l'accueille comme cela alors il a intégré qu'il n'était pas à la hauteur de leurs attentes. Rappelons-le, l'enfant ne remet jamais en question l'attitude de ses parents, il va se dénigrer en croyant que le problème vient de lui et de lui seul.

    A l'âge adulte, il pourra avoir développé une mauvaise estime de lui car il a ressenti, enfant, qu'il n'était pas à la hauteur de ce qu'on attendait de lui. Il a intégré le regard dépréciateur de ses parents qu'il a fait sien et c'est devenu sa référence sur lui-même. Chaque fois qu'une situation nouvelle se présente, il va entendre les discours dépréciateurs de ses parents liés aux risques de rejet ressentis enfant, ce qui peut être très douloureux psychiquement et corporellement.

    Pour se sentir à la hauteur des attentes de ses parents, il peut avoir également développé une personnalité as if ou faux self qui est une personnalité basée sur les attentes de ses parents et non sur ses véritables envies. Ces personnalités sont très sensibles aux attentes de leur environnement et essaient de pallier leurs carences supposées en en faisant plus. Comme elles sont très peu connectées à leur besoins intérieurs, elles peuvent s'épuiser à essayer de répondre aux attentes de leur environnement et devenir facilement le jouet de manipulateurs ou de pervers.

    Si vous souhaitez avoir plus d'informations sur la personnalité as if ou faux self, vous pouvez lire mon article "j'ai l'impression de ne pas vivre ma vie" en cliquant sur ce lien

  • Ou l'adulte peut aussi avoir eu une figure principale d'attachement, souvent la mère, très autoritaire et peu soutenante qui ne l'a pas encouragé, enfant, à explorer le monde.

    Ruella Frank, thérapeute américaine qui travaille sur le mouvement a étudié le comportement des bébés et a mis au jour 6 mouvements fondamentaux que tous les bébés expérimentent dans leur développement:

    -Se laisser porter: le bébé se relâche dans les bras de ses parents

    -Pousser contre: l'enfant pousse contre le sol pour aller chercher

    -Aller vers: l'enfant se dirige vers son objectif

    -Attraper: il saisit l'objet

    -Tirer à soi: l'enfant tire l'objet vers lui

    -Relâcher: il le relâche pour passer à autre chose

    Ce sont des mouvements qui s'initient dans l'enfance et que l'on répète, adulte, dans nos contacts avec l'extérieur. Si certains mouvements sont empêchés d'une manière ou d'une autre, le corps va s'en souvenir et la personne va répéter ces empêchements à l'âge adulte.

    Ici, si le 2eme et le 3eme mouvements sont freinés ou empêchés par la mère, cela va créer des blocages à l'âge adulte. L'enfant peut avoir peur de se séparer de sa mère car elle apparaît comme toute puissante et dominante. C'est souvent une mère qui prend beaucoup de place et ne laisse pas de place à son enfant pour s'épanouir. Souvent, elle fait pour lui et ne l'aide pas à s'autonomiser. Plus tard, il aura du mal à entreprendre car il aura peur de mal faire, n'ayant jamais été encouragé dans son enfance.

    Cet adulte aura des angoisses quand il aura envie de se diriger vers d'autres personnes, acquérir son indépendance. Il va avoir du mal à établir des liens épanouissants et matures car une partie de lui est restée dans l'enfance, auprès de sa mère dont il a du mal à se séparer psychologiquement.

    L'adulte sera timide, en retrait et n'osera pas prendre sa place d'adulte. Il va se juger négativement. Il peut développer le sentiment de ne pas être à la hauteur dans ses relations car celles-ci lui demandent beaucoup d'efforts et il va se freiner ou s'empêcher quand il va vouloir ou devoir sortir de sa zone de confort.

    En tant qu'enfant, il n' a pas pu expérimenter son aller vers en se frottant au monde extérieur et cela va se ressentir dans sa manière de se comporter à l'âge adulte. En Gestalt, on parle de saine agressivité venant de l'expression latine ad-gressere, signifiant aller vers, ce qui est synonyme de contact. Ici, cette agressivité naturelle a été réprimée car jugée dangereuse par l'enfant qui a pu avoir peur d'un possible rejet. Et elle aura du mal à s'exprimer à l'âge adulte car ressentie encore comme dangereuse.

    Adulte, il aura tendance à côtoyer de fortes personnalités qui prendront les décisions pour lui ce qui peut le conduire à être en lien avec des personnes autocentrées qui ne lui laisseront pas beaucoup de place

2-Les pistes de guérison à l'âge adulte?

Vous avez compris pourquoi à l'âge adulte, certaines personnes peuvent ressentir le sentiment de ne pas être à la hauteur et avoir du mal à se lancer vers la nouveauté. Ils se limitent à ce qu'ils connaissent et qui n'est pas sujet à des émotions désagréables telles que celles vécues enfant, comme le mépris, l'indifférence, voir même l'humiliation ou la honte.

Et qui plus est, ces personnes vont renforcer ce sentiment à l'âge adulte. Elles vont soigneusement sélectionner, dans leur entourage, des personnes qui vont les ramener à des liens précoces et qui vont entretenir leur mauvaise estime d'elles-mêmes. Elle ont intégré que l'amour était teinté d'indifférence, de froideur, de mépris ou de domination et trouveront "normal" que des personnes les traitent comme cela. Pour elles, ce sont des relations d'amour ou d'amitié. Ces mauvaises expériences vont se graver en eux et alimenter encore plus leur mauvaise estime d'elle même et le fait de ne pas se sentir à la hauteur. Cela devient un cercle vicieux.

Elles auront également du mal à reconnaître les vraies signes d'amitié et d'amour car elles ne les reconnaissent pas dans leur paradigme interne. Elles peuvent confondre gentillesse et mépris et se fermer devant les tentatives de rapprochement de ces personnes.

La personne qui subit cette situation, s'en voudra sûrement de ne pas être à la hauteur des situations et cela fera naître une double peine pour elle: celle de ne pas faire et ensuite de se reprocher d'être comme elle est.

Si cela vous arrive, essayez de ne pas vous en vouloir et de ne pas vous culpabiliser. Gardez à l'esprit que ce n'est pas votre faute. L' inconscient est un mécanisme très puissant que la volonté seule, ne suffit pas à désamorcer.

Si vous vous sentez stressé à l'idée de rentrer en contact ou de faire une nouvelle tâche, ne vous traitez pas d'incapable ou d'idiot. Respectez d'être là où vous en êtes. Vous êtes un être singulier dans toute sa richesse et sa beauté qui a parfaitement le droit d'avoir ses freins. Personne n'a à vous juger ou à vous manquer de respect pour qui vous êtes.

Vous pouvez vous dire des phrases positives telles que "demain est un autre jour"; plutôt que "je suis nul, je n'arrive à rien". Notre état psychologique et physique sont sensibles aux phrases positives et vous vous sentirez mieux dans votre tête et dans votre corps en restant positif.

Si ces difficultés vous "prennent la tête", vous pouvez les poser sur le papier, créer un blog, vous enregistrer, les extérioriser. Ce geste donnera une forme concrète à vos souffrances et sera un aller vers de plus. Ne vous préoccupez pas du résultat et soyez fier du geste engagé. Il vous appartient et c'est un engagement de plus dans votre vie.

Vous pouvez aussi vous engager dans une activité qui vous fait plaisir et qui vous renarcissise comme le théâtre, le chant ou la peinture. Elles permettent également de développer son sentiment d'appartenance dans un groupe ce qui est très bénéfique dans la valorisation de soi.

Des sports tels que la boxe ou le tango redonnent confiance en soi et de l'allant vers l'extérieur. La méditation et le yoga permettent également de se recentrer sur soi et de souffler un peu quand le stress lié aux blocages psychiques est trop fort.

Avant d'affronter une situation qui vous stresse, une rencontre avec de nouvelles personnes par exemple, vous pouvez faire un exercice de visualisation de ce qui va se passer. Vous vous installez confortablement et vous visualisez la scène, la rencontre et ce que vous allez dire, comment vous allez vous comporter, votre posture. Vous pouvez prendre votre temps sur les moments que vous identifiez comme stressants pour bien les détailler. Le cerveau ne fait pas la différence entre ce qui est imaginaire et réel et cela va vous permettre de "jouer' la scène de manière valorisante avant qu'elle ne se produise ce qui va s'intégrer chez vous et rendre la rencontre plus souple et plus facile.

Une autre manière de se valoriser est de se sentir utile. Cela donnera du sens à ce que vous faites et vous permettra de vous engager plus facilement. Si vous avez le temps, vous pouvez faire du volontariat, aider des enfants à faire leurs devoirs par exemple. De plus, ces expériences vous nourriront positivement en vous faisant intégrer de nouvelles compétences.

En un mot, nourrissez votre égo! Il en a besoin et gardez à l'esprit que les autres ne réussissent pas mieux que vous, ils ont juste une autre image d'eux-mêmes.

Et, aussi, soyez doux avec vous-mêmes. Quand vous essayez de nouvelles choses, allez-y petit à petit et laissez vous sentir ce que ça vous fait. Prenez le temps de respecter votre rythme.

On ne grimpe pas l'Everest quand on a l'habitude de marcher 30 mn sur du plat :). On risque de n'en tirer que de la frustration et de se blâmer de ne pas réussir.

Et si vous voulez aller plus loin, vous pouvez consulter un thérapeute ou un psychologue qui vous aidera à revisiter vos peurs d'enfant et à les faire disparaître pour que vous puissiez aller de l'avant de manière plus spontanée et plus alignée avec vous-même.

La Gestalt thérapie que je pratique est très efficace pour se débarrasser une fois pour toute de ses peurs d'enfant:

Contactez-moi et je vous accompagnerai dans votre désir de croissance personnelle

SOMMAIRE

1- L'origine de la peur de ne pas être à la hauteur

2-Les pistes de guérison à l'âge adulte

Une personne seule qui regarde l'horizon
Une personne seule qui regarde l'horizon